Le développement du tourisme hivernal et intermédiaire

L’Islande est une île nordique prisée des touristes en raison de ses majestueux volcans, de ses eaux thermales, de ses champs de lave, de ses immenses glaciers et de ses parcs nationaux. Avant que le gouvernement ne mette en place un programme pour influencer l’affluence touristique, les mois estivaux de juin à août étaient considérés comme la saison de pointe, qui procurait le plus d’occasions de revenus pour les entreprises locales.

En 2012, l’Islande a proposé un plan de financement pour la protection des sites touristiques, qui était en partie financé par les taxes issues de l’hébergement. Le but était de faciliter le développement de nouveaux attraits pour les touristes, de soulager la pression exercée sur certains sites très populaires et d’ainsi mieux protéger les précieux sites naturels. Les efforts de marketing de l’Islande misaient aussi sur le développement de comportements responsables chez les touristes, la sécurité, l’offre multisaisonnière, plutôt qu’exclusivement estivale, et l’attrait des visiteurs vers des sites moins connus.

Au cours des dernières années, le tourisme a pris de l’expansion en Islande. Le programme a en effet contribué à créer un équilibre entre le volume de touristes pendant l’été et à développer de nouveaux attraits hors saison. En 2010, quelques 488 000 visiteurs internationaux ont fait un séjour en Islande. En 2017, le programme de financement et les efforts de marketing ont permis d’attirer 2,2 millions de touristes. En 2018, ce pays, d’une population totale de 356 991 habitants, a accueilli le nombre record de 2,3 millions de touristes.

L’Afrique du Sud est un grand pays qui offre des attraits très diversifiés, y compris plusieurs climats contrastants d’une région à l’autre. Cape Town et Western Cap sont connus pour leur climat chaud et sec pendant les mois d’été, ainsi que pour leur hiver pluvieux de juin à août. Le reste du pays, y compris la très populaire région du Kruger National Park, connaît pour sa part de grands épisodes de pluies pendant l’été, suivies d’hiver très sec de mai à octobre.

Les efforts de marketing touristique de ce pays visent à proposer une offre distincte, à l’année, et s’appuient sur la diversité des messages selon les saisons. Bien que Cape Town soit la destination la plus populaire de l’Afrique du Sud auprès des touristes et pour les escapades urbaines, cette ville n’a pas le même attrait pendant l’hiver. En revanche, l’hiver est la saison par excellence pour les safaris à Kruger Madkwe, Pilanesberg et KwaZulu-Natal, puisque les animaux sortent pour s’abreuver et que la végétation y est moins dense, ce qui en fait des destinations de choix pour l’observation de la faune.

La diversité des destinations, selon la saison chaude qui varie d’une région à l’autre, est un exemple par excellence des avantages de la diversification du marketing. Cette approche a permis de développer plusieurs saisons touristiques « de pointe », qui attirent des marchés de touristes distincts.

Le Yukon abrite les sommets les plus hauts du Canada, des paysages montagneux, des lacs aux couleurs vibrantes et bien plus encore. C’est aussi là qu’on a consacré le plus d’efforts au Canada pour développer le tourisme hivernal et intermédiaire.

Le plan d’action stratégique pour le développement du tourisme au Yukon met l’accent sur le besoin d’attirer des touristes à l’année, avec l’objectif de « mettre en relief les atouts uniques qui en font une destination à part » et de maximiser la capacité pendant les saisons plus froides. Dans le cadre de ce plan, on a développé une gamme de festivals, d’activités sportives, d’événements spéciaux, de conférences et d’attraits culturels qui sont entièrement axés sur le tourisme en saison hivernale et intermédiaire.

À un sommet tenu en 2017, plus de 100 participants de dix communautés du Yukon ont discuté des tendances en matière de tourisme et de ses défis, notamment la question de l’accessibilité comme enjeu prioritaire à aborder. Cela a donné lieu à plusieurs améliorations, y compris un partenariat stratégique avec une compagnie aérienne, la mise en place de repères géographiques et un accès facilité aux sentiers et à l’infrastructure de l’arrière-pays, ainsi qu’aux lacs et rivières.

Le programme du Yukon a eu des retombées positives. Entre 2013 et 2019, le tourisme hivernal s’est grandement développé, y compris une augmentation de 22 % des arrivées par avion (soit une hausse de 15 500 arrivées à l’aéroport international Erik Nielson de Whitehorse), de 22 % des voyageurs internationaux avec nuitée, de 13 % des ventes au détail et de 6 800 passages à la frontière internationale terrestre du Yukon.

Situé sur la côte ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, Tofino est un petit village de 1 875 habitants. Il se trouve sur le territoire traditionnel de la Première Nation Tla-o-qui-aht, dans la région de la baie de Clayoquot, reconnue comme réserve de la biosphère par l’UNESCO. Depuis longtemps, cette destination très populaire attire les surfers et d’autres amateurs de sports aquatiques pendant les mois chauds de l’été.

Entre les mois d’octobre et de mai (anciennement appelée la « mauvaise saison »), la région est trop froide pour ces marchés de visiteurs, sans parler des températures violentes qu’on y observe.

En tant que siège de 10 à 15 grandes tempêtes annuellement, Tofino a réussi à stimuler le tourisme en saison hivernale et intermédiaire en développant une marque autour de ces spectacles naturels. Les « chasseurs de tempête » en sont particulièrement friands, notamment parce que les tempêtes se déplacent depuis le Pacifique, sans aucun obstacle terrestre pour en diminuer la force jusqu’à leur arrivée à Tofino.

Aujourd’hui, le village de Tofino accueille environ un million de visiteurs à l’année. Les établissements d’hébergement ont grandement profité de cette initiative, notamment ceux qui offrent une vue sur la côte, puisque l’observation a principalement lieu depuis l’intérieur.

Churchill est une petite ville isolée de la baie d’Hudson, dans le nord du Manitoba. Puisque l’accès des touristes ne se fait que par avion et train, il peut être difficile de bâtir un tourisme à l’année. Par exemple, en 2017, une grande tempête de blizzard, qui a duré 57 heures, a endommagé la voie ferrée et laissé la communauté complètement isolée pendant 18 mois.

Les principaux attraits de Churchill sont les aurores boréales et l’observation de la faune en hiver. Pendant l’été, les touristes prennent place à bord d’embarcation à pagaie pour aller à la rencontre de communautés de centaines de bélugas. À la fin de l’automne, on peut observer la très populaire population d’ours polaires. Chaque année, environ 10 000 personnes visitent Churchill pendant la très courte saison de l’ours (cinq à six semaines), que l’on désigne souvent comme tourisme « de dernière chance ».

Quand la voie ferrée a été endommagée en 2017, un groupe de leaders de l’industrie et de la Première Nation locale se sont réunis sous l’égide du Arctic Gateway Group et ont fait l’acquisition de la voie ferrée et du port local. En 2018, ils ont réouvert la voie ferrée et annoncé un plan de financement pour la rénovation du port.

Travel Manitoba estime que quelque 530 000 personnes se rendent dans le nord du Manitoba chaque année, ce qui génère des recettes de 115 000 millions de dollars. Les améliorations apportées ont contribué à la réussite du secteur du tourisme, mais des entrepreneurs locaux estiment que l’accès facilité à Churchill présente un risque pour l’identité de la ville et son caractère authentique.